Les Éditions David sont fondées à Ottawa en 1993. Yvon Malette nomme son entreprise ainsi en l’honneur de son fils, mais aussi en raison des connotations culturelles associées à ce prénom. La célèbre histoire de David contre Goliath est en effet symbolique pour cette petite maison d’édition franco-ontarienne tentant de tailler sa place dans l’imposant marché culturel nord-américain.
À l’origine, le modèle d’affaires de cette maison d’édition est celui d’une entreprise privée à but lucratif. Malette, son fondateur, est professeur en plus d’être entrepreneur. Il conçoit un projet de grammaire avec une composante multimédia intitulée Grand-mère racontait. Particulièrement innovateur pour l’époque, le projet est retenu par le gouvernement du Québec à l’occasion d’un concours visant à encourager l’étude de la grammaire dans les écoles de la province. Cette grammaire fait office de première source de financement pour la maison d’édition, assurant à la fois sa fondation, sa survie et sa rentabilité durant plusieurs années.
Pendant longtemps, les Éditions David se distinguent par leur modèle d’affaires, cherchant une certaine forme d’autonomie par rapport aux subventions gouvernementales en misant partiellement sur des contributions des autres entreprises privées. « Une entreprise normale devrait pouvoir s’autofinancer », déclare Malette en 2003. « Mais pour une maison d’édition, surtout en Ontario français, cela ne sera jamais possible. C’est ce qui fait que nous ne sommes pas maîtres de notre destin; nous dépendons beaucoup des décisions des bailleurs de fonds[1]. » Le modèle de l’entreprise change en 2008, quand les Éditions David deviennent un organisme à but non lucratif afin d’avoir accès à de nouvelles sources de financement.
Les Éditions David donnent dès leurs débuts une place de choix à la recherche littéraire franco-canadienne et québécoise. Le premier manuscrit de la maison d’édition, portant sur Gabrielle Roy, est d’ailleurs issu de la thèse de doctorat de Malette. Les Éditions David diversifient considérablement leur production au fil des années et en viennent à présenter un ensemble de collections unifiées sous le vocable « voix ». Aux ouvrages savants (Voix savantes) s’ajoutent ainsi ceux dédiés à l’enseignement (Voix didactiques), puis ceux appartenant au genre poétique (Voix intérieures) et au genre narratif (Voix narratives), en plus des livres d’artistes (Voix artistiques) et des éditions critiques de textes anciens ou peu connus (Voix retrouvées). Sous la gouverne de leur nouveau directeur, Marc Haentjens, les Éditions David donnent un plus grand espace aux œuvres littéraires de l’Ontario et de l’Outaouais, avec une collection pour adolescents (14/18) et une autre dédiée aux jeunes auteurs contemporains (Indociles).
Les Éditions David viennent tout juste de donner leurs archives, quoique incomplètes puisque les documents des premières années ont été détruits, au Centre de recherche en civilisation canadienne-française de l’Université d’Ottawa.
Mathieu Simard, Chercheur postdoctoral, KU Leuven
[1] Marie-Élisabeth Brunet, « L’art de faire beaucoup avec peu », Liaison, no 118, printemps 2003, p. 27.