Éditions du Nordir

Robert Yergeau fonde les Éditions du Nordir en 1988. La maison d’édition suivra à bien des égards le destin de son fondateur. Le Nordir est d’abord établi à Hearst, Yergeau travaillant alors au Collègue universitaire. Elle se déplace peu de temps après, lorsque l’éditeur décroche un poste de professeur à l’Université d’Ottawa. La maison d’édition cesse officiellement ses activités en 2012, après la mort de Yergeau, survenue l’année précédente. 

Les Éditions du Nordir sont particulièrement reconnues dans deux domaines de publication : la poésie et les textes de réflexion. Ces spécialités font écho à celles de Yergeau, lui-même étant poète et professeur d’université. Ainsi, le premier ouvrage publié au Nordir est le recueil de poèmes Que personne ne bouge! de Jacques Poirier. Ce dernier collabore avec Yergeau au sein du Nordir jusqu’en 2004 et tient pour ainsi dire le fort à Hearst tandis que son collègue est à Ottawa. La maison d’édition laisse une place importante à la relève littéraire et diversifie progressivement sa production pour intégrer d’autres genres que la poésie. 

D’ailleurs, quoique le premier livre à paraître au Nordir appartienne au genre poétique, c’est à l’origine en raison d’un texte de réflexion que la maison est créée. En effet, un collègue de Yergeau, Roger Bernard, ne trouve pas preneur en Ontario pour son manuscrit De Québécois à Ontarois. Il faut dire que les ouvrages scientifiques et de réflexion sont à l’époque peu convoités par les maisons d’édition franco-ontariennes, qui se concentrent davantage sur les textes littéraires. La publication d’essais devient d’ailleurs une spécialité des Éditions du Nordir.  

En effet, Le Nordir fait paraître des essais désormais classiques dans les études littéraires québécoises et franco-canadiennes, et participe ainsi à l’émergence d’un discours critique au Canada français. Yergeau édite par exemple Les littératures de l’exiguïté de François Paré (1993). La maison publie aussi La querelle du régionalisme au Québec (1904-1931) d’Annette Hayward (2007). Ces deux ouvrages reçoivent chacun leur tour le prix du Gouverneur général, la plus importante récompense littéraire au pays. La liste des succès éditoriaux et critiques du Nordir ne se limite pas aux essais, néanmoins : la pièce de théâtre French Town de Michel Ouellette reçoit également le prix du Gouverneur général en 1994. Cette récolte de trois prix du Gouverneur général en un peu moins de vingt par une si petite maison témoigne de la place déterminante qu’ont occupé les Éditions du Nordir dans l’histoire littéraire franco-canadienne.

Les archives des Éditions du Nordir se trouvent au Centre de recherche en civilisation canadienne-française. Il couvre l’ensemble des activités de sa fondation de la maison à sa fermeture. On y trouve maints documents en lien avec les livres publiés, les prix reçus, la participation de la maison aux salons du livre, la publicité, la réception critique. Certains documents concernent les revues Atmosphères et Cahiers Éthier-Blais que le Nordir a publié pendant une brève période. Le fonds comprend aussi des documents iconographiques et 56 photographies. Il couvre 1,27 mètre linéaire.

Mathieu Simard, Chercheur postdoctoral, KU Leuven

Lucie Hotte, Professeure titulaire, Université d’Ottawa